Huit heures du matin ce 7 décembre 2008.
Nous sommes – Annick, André, Jean-Pierre et moi ‘“ prêts avec Justine, notre vice-présidente, et son équipe pour la grande aventure. Parcourir 900 km en deux jours pour rallier Tana à Betroka est une gageure.
Nous empruntons la RN 7 avec une étape à Fianarantsoa afin d’y passer la nuit car l’état de la route ne permet pas d’effectuer le trajet d’une seule traite. Nous arrivons à Ihosy mais le plus dur nous attend : la RN 13 ! Il s’agit en fait d’une piste ravinée qui, en ce début de saison pluvieuse, est encore plus périlleuse. Le chauffeur du minibus essaie, avec la meilleure volonté du monde, de nous éviter les trous et les secousses. Au bout de quelques kilomètres, les sièges en ska௠ont raison de nos postérieurs endoloris et les coussins empruntés en cours de route sont les bienvenus, mais nous gardons le moral durant plus de quatre heures pour parcourir 170 km.
Anaviavy ‘“ bourgade de 731 habitants du fokotany (district) de Betroka – est maintenant tout près. L’accueil chaleureux qui nous est réservé nous fait vite oublier fatigue et courbatures. Les officiels sont là : le chef de district, l’équipe municipale d’Anaviavy, les maires des cinq communes environnantes et toute une foule bigarrée et rieuse. Les drapeaux français et malgache ajoutent à la solennité du moment. L’émotion est palpable car il s’agit pour nos hôtes d’un événement sans précédent : l’eau va arriver à Anaviavy !
Près de quatre cents personnes nous font vibrer avec le « Ry Tanindrazanay malala », l’hymne national malgache, chanté à quatre voix. Entraînés par Justine, nous entonnons à six la Marseillaise. La gorge serrée, je me lance à lire mon discours en langue malgache. Le silence qui d’un coup s’est installé rajoute à mon trouble.
A cet instant, je pense à ceux qui en France n’ont pas compté leur temps ni leur énergie pour offrir à ce village ce point d’eau. Je partage symboliquement ce moment avec eux et leur dédie les remerciements des personnalités officielles présentes.
Justine a la charge de couper le ruban qui barre l’accès au puits. Un premier pompage et l’eau jaillit sous les applaudissements et les cris de joie ! Nous invitons les enfants à venir boire mais ils n’osent pas. Jean-Pierre donne l’exemple. Cette eau ‘“ précieuse et fraîche ‘“ est enfin là . Finis les longues marches et les efforts si pénibles pour ces enfants. Leur reconnaissance se lit sur leurs visages radieux.
Je n’ai pu retenir mes larmes lorsque les cadeaux pour l’association m’ont été remis : un bélier, deux poulets et des nattes. Nous avons été profondément touchés par ce geste car la vie est tellement chère et difficile pour cette population. Le partage et le don sont sacrés chez les Malgaches malgré leur grande pauvreté.
Passés ces moments d’intense émotion, la fête a continué. Les musiciens ont exercé leurs talents sur des instruments de fortune et tout le monde a dansé et chanté sur des rythmes endiablés.
Les joies simples de la vie n’ont pas de prix et nous sommes très fiers d’y avoir contribué. Ce puits, cette eau, ces sourires sont le témoignage de cette grande aventure humaine que nous menons au sein de SOS Madagascar.
Nous aurions tellement voulu être avec vous ! Mais ce n’est pas grave, il y aura surement d’autres occasions !
Au suivant… Au prochain puits !
Saurons-nous être avec vous au prochain puits?
Nous serions tellement heureux d’y être déjà au suivant!