(60 Ans de Récession)
Madagascar dispose de nombreux atouts : surfaces agricoles très importantes, richesse du sous-sol, potentiel touristique en sommeil compte tenu de la situation sur l’île…etc… Mais, paradoxalement, depuis 1960, le revenu par habitant de Madagascar a diminué de 45%. L’île rouge est l’un des pays les plus pauvres au monde.
Alors que Madagascar connaît une pauvreté endémique, l’île connaît, depuis 2021, une des pires famines de son histoire.
Jean-Michel Wachsberger nous rappelle que « cette famine est emblématique des difficultés anciennes de l’île, notamment dans les zones rurales. En juin 2021, le sud de Madagascar a été frappé par sa pire sécheresse depuis une quarantaine d’années, avec une absence de l’Etat sur le terrain. Les conséquences ont été terribles pour les populations locales et il y a plus d’un million de victimes. Les Nations Unies ont désigné cette famine comme étant la première “famine climatique”« .
Des cas de lèpre y sont régulièrement dépistés. Le niveau de pauvreté explose dans des proportions inimaginables du fait d’une population se déplaçant massivement vers Antananarivo, la capitale, qui accueille 6 fois plus de population que les infrastructures ne le permettent.
Catherine Fournet-Guerin ajoute « la société malgache est fondée sur une vision très hiérarchique, avec un système de castes. C’est une forme de société d’Ancien Régime, qui n’incite pas à l’investissement. La pauvreté est perçue par les élites comme une volonté divine. Les élites s’enrichissent grâce à leurs affaires et à la corruption. Le peuple ne compte pas. Ce qui règne, c’est la résignation. La société a toujours été ainsi et le sera toujours : voilà ce que pensent les élites. Cette domination sociale extrême se lit notamment dans le système de domesticité. Tout le monde a ses domestiques. On trouve notamment beaucoup de jeunes garçons et jeunes filles de ferme peu ou pas payés. Et puis également toute une élite indienne, à la tête des entreprises du pays« .
Face au chômage, au changement climatique, au « kere » (famine), aux conséquences des pandémies, à l’isolement de l’île, aux baisses de productions agricoles, à l’exclusion sociale, aux faibles moyens consacrés à l’éducation, l’essentiel de l’activité économique sur l’île prend la forme d’échanges informels, et de ce fait la criminalité augmente considérablement.
SOS Madagascar vous invite à écouter le podcast (58 mn) de France Culture dont est issu cet article.
- Catherine Fournet-Guerin Géographe, professeure de géographie à Sorbonne Université, membre du laboratoire Médiations.
- Jean-Michel Wachsberger Sociologue, maître de conférences en sociologie à l’université de Lille, spécialiste de Madagascar.