Le cri de l’ancien

Membres et sympathisants,

Avec mon statut de doyen et du plus « ancien membre », je vais me permettre de lancer un cri du cœur à ranger dans les archives ?

SOS MADAGASCAR se proposait à son début de soutenir l’Association des jeunes médecins de brousse « TEALONGO » sous tutelle de l’église catholique Sacré Cœur de TOLIARA. La mission payait leurs salaires et après recrutement et sélection ils prenaient leur fonction dans les communes les plus reculées de la Région. Elle leur fournissait également des médicaments de base tels nivaquines, antibiotiques, alcool, etc. Il faut savoir que la mission abritait dans son enceinte le siège de TEALONGO, ce qui facilitait nos envois médicaux face aux pernicieuses complications administratives, surtout douanières.  

Le totem « aloalo » à côté du sigle, symbole de l’art funéraire MAHAFALY, marque la préférence de SOS d’aider la Région sud dans sa grande pauvreté : famine, sécheresse, etc.

Lors d’un de mes périples au Pays, je me promis de rendre visite à l’Association et à l’un de ces médecins, comptant sur  la complicité locale. Dans cette optique, j’osai venir déclarer à la douane une valise pleine de médicaments et de petits matériels médicaux dont une partie provenait de dons. Trop long à relater la tractation à la limite de la corruption que j’engageai, afin que les autorités ne retiennent mon bagage en souffrance. Que celui qui n’a jamais pêché me jette la première pierre !

Un fois sur place, je laissais sa part  à l’Association et je fourrais le reste dans mon sac à dos.

Pour joindre la commune d’ITAMPOLO et arriver à bon port, je ne vous raconte pas le parcours du combattant : taxi, charrette, bateau, 4X4, marche en prime.  Veni, vidi, vinci dixit J. CESAR dans sa version originale. La traduction littérale contextuelle : Solo est seulement venu, a seulement vu et n’a seulement vaincu que son ombre !

Une matinée, pendant laquelle je partais rencontrer mon toubib, ma fille (depuis 2020 Montpelliéraine et donatrice) préférait rester à ANAKAO pour s’initier à la plongée sous marine. Terminus de la traversée au départ de Toliara, les frêles embarcations bateaux et canots pneumatiques qui défient en permanence le CANAL DE MOZAMBIQUE y jettent l’ancre dans l’attente du retour. Les récits oraux relatent des accidents mortels à cause du changement climatique en pleine mer et pourtant les VEZO ne se reconnaissent-ils pas  comme les seigneurs des océans ? ANAKAO, village touristique par vocation figure également sur une carte comme une étape incontournable pour ceux qui cherchent à s’enfoncer un peu plus dans le grand sud.

Après cette parenthèse narrative, je m’en vais résumer la causerie avec mon hôte, non au coin du feu, mais sous un soleil radieux synonyme de bonne chaleur en hiver. Il me parla, entre autres, de la rareté de l’eau, pas gratuite et livraison pas à volonté. Je remarquai que le salon qui sert de cabinet comporte une table, 2 chaises en bois et surtout deux grosses barriques (la teneur en sel fixe le prix du bidon) l’une pour la lessive et le nettoyage courant et l’autre pour l’hygiène et la cuisine. La maison en falafa (matériau local) comporte deux pièces : sa chambre à coucher et notre fameux salon. La cuisine et les WC se trouvent à l’extérieur. Les consultations se rémunèrent à la fortune du pot et tarif ni affiché ni exigé. Il vit « seul », donc au four et au moulin. Du locataire à l’environnement tout sent la simplicité et la « cleanitude ».   

Il reçut avec grande satisfaction le contenu de mon sac, médicaments, petits matériels médicaux et en supplément de quoi amadouer le porteur d’eau pendant six mois.  

Lors de mon second séjour, l’Association se dotait d’un siège en dehors de la ville, témoin de son émancipation et de son importance, mais toujours avec la bénédiction ecclésiastique.

Après quelques années, SOS dans sa forme première tourna la page, séparation des membres en toute amitié, pas de trésor de guerre dilapidé, etc. Une nouvelle équipe formidable, dynamique et pleine de projets reprit la suite à la RABEARIVELO (un de nos plus grands poète francophone, père de la devise « Portez haut le flambeau »).

Pour bien marquer le 20ième  anniversaire, le bureau  invita, avec la plus grande des gentillesses mêlée d’un soupçon de reconnaissance, une partie  des MOHICANS, encore joignables, ceux qui créèrent SOS.

Lala, Présidente égrenait pendant son sobre discours les réalisations de l’Association. Que de chemins parcourus, que de belles réalisations à ANKANISOA/ANTSIRABE et à NAMAHORA/MORONDAVA, des projets et des projets, rien que des projets en perspective.

Cinq ans plus tard le dernier des Mohicans, par esprit de curiosité et d’entre aide, paya son entrée à la soirée des 25 ans. La bonne volonté des organisateurs, l’enthousiasme, la passion, l’abnégation, qu’ils manifestaient (courses par ci pour éviter que les plats ne se refroidissent, stop par là pour répondre aux questions pertinentes ou non des invités) le touchèrent beaucoup. Aussi, avant de partir, il signa son adhésion, tout en préméditant qu’il ne se contenterait que de regarder passer le train et sans le moindre engagement auprès de l’équipe administrative, sous prétexte qu’il avait déjà donné.

Entre temps, des tonnes d’eaux coulèrent sous le pont et malgré moi au fil des années, peu à peu, je prenais part modestement à la vie de SOS :

– Avant les soirées mémorables, la participation épique autour des tables pour encorner les quelques 600 ou 700 sambos. Pauvres de nous autres trop maladroits des mains face aux défis perdus d’avance contre les expertes ; du pur amateurisme, mais comme disait P. De COUBERTIN, l’essentiel c’est de participer.

– Les réunions ici et ailleurs qui continuent de se dérouler toujours dans une franche camaraderie, suivies d’un service de thé, de café, du jus, de petites gâteries et les blablas de circonstances. Elles me donnent l’envie de n’en rater aucune.

– Les déjeuners et/ou les dîners dans des restaurants autour de quelques habitués, histoire de gratter un € afin de renflouer la caisse.

– Une année je ne me la rappelle plus, SOS organisa une visite à ANTSIRABE, souvenir inoubliable ô combien riche en événements, avec le déplacement du bureau au grand complet et de quelques volontaires pour assister à l’inauguration de deux salles de classe. SOS avait payé la totalité des meubles (bancs, tables, armoires), mais les bâtiments qui hébergent le centre appartiennent à l’église luthérienne et AKANISOA bénéficie de la jouissance à titre conventionnel. En mémoire de deux membres émérites (Jean Pierre D./Lala et Roland H./Christiane), partis plus tôt, les salles portent désormais leur nom, décision prise à l’unanimité par le bureau.

Que d’émotion pendant la journée ! Sans trop m’étendre, elle commença par l’emballage des cadeaux utiles (livres, cahiers, etc.) ramenés de la Métropole et leur distribution aux enfants. Il faut voir combien leurs yeux brillèrent de joie, et ces beaux sourires qui ne quittèrent pas les petits visages pleins d’innocence !

Dans la foulée, SOS nourrit la curiosité de visiter les lieux : dortoirs, toilettes, ateliers, cuisine, basse cour, potagers, etc., afin de répertorier des urgences à financer. 

Suivirent le déjeuner, pris en commun et honoré par quelques personnages locaux dont les parents de Lala (arrivée avec sa fille notre Top Cheffe attitrée), offert et préparé par SOS et dans l’après midi la fête « folklorique » simple, mais soignée donnée par les enfants et leurs moniteurs, sous les applaudissements nourris de nous autres spectateurs.

La promesse d’un au revoir et non d’un adieu acheva notre passage avec le sentiment d’un devoir bien accompli.

Un emploi du temps familial, m’empêcha de continuer le périple à MORONDAVA.

Par la suite, il m’arrivait de débarquer sans crier gare aux Centres. Quelle que soit la minceur de mon argent de poche, je ne pouvais me présenter à ANKANISOA les mains vides. Le grand marché d’ANTSIRABE n’offre-t-il pas de quoi préparer des menus et des goûters ? Le temps de discuter avec la Directrice et les enfants pendant les récréations, je repartais toujours le cœur un peu pincé.

En 2016, en compagnie de Michèle P. (membre donateur en vacances), nous pûmes nous rendre à NAMAHORA/MORONDAVA. Une sœur fraichement mutée nous accueillit avec le peu de connaissance qu’elle maîtrisa des lieux et ce en l’absence de la Directrice, la mère supérieure partie en séminaire. Pas beaucoup de chance également, car les pensionnaires bénéficièrent des vacances scolaires du mois d’août. Ne sommes nous pas venus et n’avons-nous pas vu ?

Alerte au Tsunami, lors de l’assemblée générale de février 2020. Faute de candidature, SOS allait mettre la clé sous la porte. En effet, les piliers du bureau Danielle et Vincent D. (secrétaire et webmaster) et Élisabeth et Philippe B. (présidente et trésorier) évoquèrent leur désir de vivre mieux ailleurs. Danielle et Vincent D. posaient déjà un pied à MONTPELLIER dans l’appartement (où ils accueillirent gentiment mon couple, la même année, lors d’une visite de courtoisie) et Élisabeth et Philippe B. ne désespéraient pas de trouver le sésame en BRETAGNE.

Pendant la réunion, une ambiance un peu tendue remplit la salle. L’écho coupé de silence complice montait, traversait l’air, les chaises et les esprits. Qu’adviendra-t-il de cette formidable association ? Malgré tous ces aléas, SOS traversa sans encombre l’année de la COVID 19, grâce à la merveilleuse équipe et son environnement humain.  

Ô miracle, ô beau miracle lors de l’AG 2021. Lala accepte de rempiler à la présidence sous certaines conditions, vite et bien, acceptées par les piliers de toujours. Élisabethet Philippe B. promettent de l’aider, Philippe garde sa fonction de trésorier et Elisabeth va assurer les contacts internes et externes, etc. Vincent veillera toujours sur le site internet en tant que webmaster. J’accorde à ce dernier, la plus belle des mentions, qui grâce à son déplacement de MONTPELLIER, juste pour 2 heures de séance, permet aux « zoomeurs » de suivre l’AG. Justine et Perline viennent compléter l’équipe. Tableau d’honneur à ceux qui bravèrent la neige, accessit à ceux qui abîmèrent les yeux devant les écrans et sincères pensées aux absents quelle que soit la raison. Enfin, encouragement aux futurs membres et sympathisants !

BRAVO ET LONGUE VIE AU NOUVEAU BUREAU !

S. Claude